Halte à la pollution
ou
De la propagation de mails bidons et de ses conséquences sur une
société déjà anxiogène
Le 27 janvier 2004
Carl Seleborg
Quel est le problème?
Cher internaute. Si vous êtes arrivé sur cette page, c'est
probablement que vous avez été en contact avec un hoax, autrement
dit un canular.
Avez-vous déjà entendu parler du petit Rhyan, souffrant d'une
leucémie en phase terminale mais que vous pouvez sauver rien qu'un
envoyant un mail? Avez-vous déjà tremblé à l'idée de croiser ces
bandes de jeunes qui sèment la terreur sur les routes en roulant tous
feux éteints et en tirant sur les automobilistes qui le leur
signalent? Avez-vous installé un anti-virus à la suite d'une alerte
concernant un tout nouveau virus, le plus dangereux jamais créé,
découvert par Microsoft ou McAfee pas plus tard qu'hier et qui détruit
votre disque dur (le secteur 0, bien sûr, sinon c'est que du bluff),
votre boîte mail, votre connexion Internet et votre machine à café?
Et surtout, avez-vous déjà fait passer de tels messages?
Dans ce cas, j'ai une nouvelle pour vous : vous vous êtes fait
avoir. Et vous êtes un pollueur (ou une pollueuse). Je m'explique.
Qu'est-ce que le hoax?
Certains, sans doute en manque de reconnaissance sociale, ont parfois
l'idée de se servir du pouvoir de diffusion d'Internet pour faire
quelque chose qu'ils savent va pouvoir toucher un maximum de gens.
Même anonymes, ils deviendront ainsi célèbres. Alors ils lancent des
rumeurs, des alertes, des pétitions, des chaînes de lettres, etc. Bref,
ils lancent des hoaxes, des mails bidons, des canulars. Bref : ils polluent!
Tout d'abord : à quoi reconnaît-on un hoax? C'est extrêmement simple.
Si vous recevez un courrier répondant à au moins deux des critères suivants,
vous savez que c'en est un :
- C'est un message transmis (ou forwardé en franglais), dont le titre
commence généralement par "FWD:" ou "TR:" ;
- On vous y demande de le transmettre à tout votre carnet d'adresses ;
- Il n'y a aucune information de contact pour vous permettre de vérifier les propos
tenus dans le message ;
- Vous allez recevoir plein d'argent si vous transmettez le message ;
- Quelqu'un de proche de l'auteur du message est bien placé pour confirmer
le danger ou l'information (le voisin de l'auteur travaille chez Microsoft, par
exemple)
Les messages répondant à au moins deux des critères suivants sont
tout simplement faux. Réfléchissez un peu : lorsque le SRAS ou la
maladie de la vache folle ("vache folle", pourtant, c'est un bon sujet
pour lancer une blague...) menacent, on en parle dans les
médias. Lorsqu'une voiture se découvre un défaut de fabrication qui la
rend dangereuse, on en parle dans les médias et le fabricant rappelle
ses modèles. Lorsqu'un virus Internet fait des ravages, on en parle
dans les médias. Mais ça pourtant, on n'en parle pas par mail.
Par contre, lorsqu'on risque d'attraper le SIDA en s'assayant sur
une aiguille infectée disposée de manière efficace dans un cinéma, on
reçoit des mails. Et quand on risque de croiser une bande de jeunes
délinquant en cours d'initiation dans les bandes sur les routes la
nuit dans les cités, on reçoit des mails. Et quand on risque de mourir
demain si on n'envoie pas illico un mail à au moins trois personnes,
on n'en parle nulle part, sauf dans ledit message, reçu par mail.
Le fait de transmettre ce type de messages est nuisible pour deux
raisons :
- D'une part, parce qu'Internet est un outil d'information autant que
de communication. En diffusant de la fausse information, vous remettez en question
le rôle même de ce nouveau joujou planétaire.
- D'autre part, parce que par un calcul simple, si tout le monde envoie un
message à ne serait-ce que cinq de ses amis le lendemain de la réception, cela
fait à la fin du mois des millions de messages qui se balladent dans les ordinateurs
qui s'occupent de faire fonctionner Internet. Que diriez-vous si la Poste
faisait augmenter le prix des timbres pour compenser le temps perdu à trier
des courriers blagueurs qui indiquent de fausses adresses et qui de toute façon
ne sont que des enveloppes vides? C'est pourtant le même genre d'abus qui se
passe avec les hoaxes : plus il y a de courrier à gérér, plus les ordinateurs
doivent être puissants, et donc plus ça coûte. 0,15 € par message envoyé, ça
vous tente?
En définitive...
Ne transmettez pas les hoaxes. Quelque soient les garanties
qu'on vous donne dans le message, c'est faux - la seule
véritable garantie de vérité que vous puissiez avoir c'est si le sujet
vous concerne directement ou que vos proches ou vous-même êtes
mentionnés dans le message. Sinon, c'est que c'est faux. Et si
vous êtes encore en doute, devant une menace pour votre vie ou vos
biens, le plus simple est encore de le vérifier par vous-même :
- Le site HoaxBusters.org vous dira si c'est une
"légende urbaine".
- Les sites des créateurs d'anti-virus comme McAfee
ou Symantec mettent en général sur leur page
d'accueil la liste des virus menaçants du moment.